Pour faire face à la conjoncture actuelle et s’adapter aux contraintes réglementaires imposées par la loi française, les entreprises sont régulièrement mises en situation de négocier avec leurs collaborateurs bien que les marges de manœuvres soient souvent limitées. Trop souvent les entreprises et les partenaires sociaux utilisent des moyens de pression ou des stratégies de persuasions, mais très peu de stratégies de négociation. Au-delà d’un savoir être, la négociation est avant tout un ensemble de compétences techniques indispensables pour maintenir un climat social apaisé en entreprise.
Relation et Négociation sociales : deux compétences distinctes
Dans un premier temps, il est nécessaire de rappeler que la relation sociale et la négociation sociale sont deux sujets, et deux compétences très différents. Les relations sociales gèrent et régulent les rapports entre, d’une part, l’employeur, et d’autre part, les salariés et leurs représentants.
La négociation sociale a pour finalité de bâtir des accords entre eux, soit pour surmonter leurs intérêts contradictoires, soit pour établir des formes de coopération face à un problème commun.
Quant à la négociation professionnelle, elle apporte des outils, des techniques et des méthodes (« une technologie ») fiables et éprouvés pour bâtir de tels accords, y compris lorsque les relations sociales sont dégradées.
Une capacité de négociation limitée
En France, la place réservée en entreprise à la négociation sociale est bien plus limitée qu’on ne le croit, même si la loi contraint employeurs et représentants du personnel à négocier sur de nombreux sujets, dans le cadre des négociations annuelles, d’accords spécifiques ou d’accords dérogatoires du droit commun.
En parallèle, la conjoncture économique nécessite que les entreprises puissent s’adapter plus rapidement et plus efficacement aux évolutions parfois radicales, de leur environnement commercial ou technologique.
Mais, si l’on observe attentivement le comportement et la manière dont les négociations sont menées dans les entreprises, on constate que peu de temps est consacré à la recherche effective d’un accord entre les parties. Dans les rencontres dites « de négociation », employeurs et salariés se bornent à échanger leurs constats, leurs demandes, leurs contraintes, mais tentent peu de se convaincre mutuellement de la légitimité de leurs positions. Chacun use parfois de moyens de pression (menaces, conflits, médiatisation, etc.) mais dans les faits ils négocient peu ! Des stratégies de persuasion, de contournement de conflit sont déployées, mais très peu de stratégies de négociation.
Du coup, dès que la réglementation oblige à négocier ou que la conjoncture crée une urgence à le faire, la capacité à négocier au sein des entreprises reste très limitée. D’où la multiplication des situations de blocage dont souffrent à ce jour entreprises et salariés.
La négociation professionnelle, un outil bâtisseur d’accord
Pour rappel négocier c’est « tenter de bâtir un accord par une action concertée ». Si les deux parties acceptent de se concéder des avancées mutuelles malgré les divergences qui les opposent, force est de constater que cette position est souvent envisageable pour l’employeur qui se prépare à concéder, mais plus difficile à accepter pour les salariés et les syndicats pour lesquels concessions riment avec remise en cause des acquis sociaux.
Malgré cela une collaboration confiante peut s’établir entre les deux parties pour coopérer dans la recherche d’une solution au problème commun même si les objectifs et les enjeux distincts sont distincts pour chaque partie. Actuellement une telle collaboration s’inscrit peu dans la culture et l’histoire des relations sociales en France, forgées sur les notions de lutte des classes et de défense d’intérêts, contrairement à certains pays comme l’Allemagne ou l’Europe du Nord.
Or la négociation professionnelle permet de surmonter ces deux obstacles culturels. Elle facilite – par des accords négociés avec les partenaires sociaux – l’adaptation de l’entreprise aux évolutions de son environnement et limite les ruptures de négociation, souvent génératrices de tensions voire de conflits sociaux contre-productifs.
Aujourd’hui, alors que toutes les parties se doivent d’être agiles, améliorer la capacité de négociation des entreprises et des partenaires sociaux est plus que jamais devenu une priorité absolue et un outil de développement tant pour la compétitivité des entreprises que pour la sécurisation professionnelle des salariés.