Oxygen, agence RP
Tendances - 2 avril 2015

Radio connectée : souriez, vous êtes filmés !

Au premier rang de la révolution médiatique, la radio voit ses usages totalement bouleversés, depuis une dizaine d’années. Après l’avènement des podcasts qui a mis à plat les notions traditionnelles de programme et d’horaire et permis une consommation des émissions à la carte, personnalisée, c’est l’écoute sur un support multimedia numérique qui se développe à toute allure.

Une étude de Médiamétrie publiée en 2014 révèle que, chaque jour, 11, 1 % des individus âgés de 13 ans et plus écoutent la radio sur un ordinateur, une tablette, un smartphone… Fini, le bon vieux poste à galène du grand-père. Place à la radio connectée ! Le Monde qui consacrait une page à ce thème dans son édition du 22 mars nous a (re) mis la puce à l’oreille, chez Oxygen, et nous avons eu envie de faire un tour d’horizon du sujet. Pour affiner notre compréhension du phénomène et mieux conseiller nos clients face à cette nouvelle donne audiovisuelle.

Europe ouvre le bal

Première étape : le CSA (Conseil Supérieur de l’Audivisuel). Rubrique : « la radio filmée ». Définition officielle, en quelques lignes : « La radio reste le média du son par excellence. Toutefois, la pratique s’est répandue, depuis plusieurs années, de filmer le studio lors de l’enregistrement de certaines émissions de radio. La vidéo est alors mise en ligne en direct (en streaming) sur le site internet de la station et/ou insérée dans un catalogue de vidéos de façon à être consultable après la diffusion à l’antenne. Il arrive également que des extraits d’une vidéo soient repris par des chaînes de télévision, par exemple lorsqu’une personnalité politique a fait une déclaration notable au cours de l’émission ».

En résumé, quand vous voulez écouter la radio, pourquoi ne pas le faire à la télé ? Et d’ailleurs, n’est-ce pas ce que vous faites déjà, depuis quelques années ? « Avec Europe 1, vous allez voir ce que vous allez entendre ! ». La radio de la rue François 1er a ouvert le bal en septembre 2012. Un véritable succès, dès les premières semaines. « Notre objectif était d’apporter de l’image à la radio pour que les gens puissent découvrir ce qu’est la radio en visuel », expliquait Laurent Nuytens, directeur d’exploitation des antennes du groupe Lagardère, dans une vidéo (sic) sur le web. « Ca reste de la radio. Au départ, ça nous a permis d’avoir une bonne visibilité sur d’autres medias. Maintenant, on enrichit nos vidéos avec des photos, des tweets de nos auditeurs, des cartes… ». Bref, des images et des informations qui se lisent pour faire ce que l’on appelle aussi de la radio enrichie, de la radio augmentée ou de la social radio. Derrière l’écran, en coulisses, se joue une mutation organisationnelle et culturelle. Chez Europe 1, une équipe dédiée a été créée : 7 personnes filment chaque jour, de 6 heures à 23 heures, ce qui se passe dans les studios et produisent des contenus live diffusés sur le site internet et sur Dailymotion.

Accroître audience, revenus et reprises

Objectif ? Générer de l’audience, auprès d’un public jeune et actif, accroître les revenus publicitaires et les reprises par les chaînes de télévision qui utilisent les images de tel ou tel interview, dans leurs journaux. A tous les vocables en cours, certains préfèrent d’ailleurs le terme de radio visuelle.

Emboîtant le pas d’Europe, les radios privées comme le service public et les radios musicales s’y sont mises. Le groupe Next RadioTV (RMC, BFM), Virgin, Oui FM… Depuis fin 2013, RTL produit 15 heures de vidéo en direct. En septembre 2014, France Inter a franchi le rubicon et installé des caméras dans les studios. Depuis, le 7-9 de Patrick Cohen est entièrement filmé. Certains ont du mail à s’y faire. Comme Christiane Taubira : invitée à causer dans le poste, en septembre dernier, la ministre de la justice a oublié ce petit détail et s’est mise à grimacer en direct, en écoutant la question de l’un des auditeurs.

Un sujet délicat

Pourtant, la consigne est claire, à l’entrée des studios : souriez, vous êtes filmé ! Idem, chez France Info et RFI. Mais ça ne fait pas pour autant rigoler tout le monde. L’installation de caméras derrière les micros est accueillie avec plus ou moins d’enthousiasme par les journalistes et les chroniqueurs. Le sujet de la radio filmée est délicat. Il ne va pas sans débats. « Nous avons dû faire un travail auprès des journalistes et des animateurs pour expliquer cette évolution », commente Laurent Nuytens. « Ils nous disaient bien souvent : nous on fait de la radio, pas de la télé ». Sur France Inter, l’humoriste François Rollin ne s’est pas gêné, dans un de ses billets matinaux, pour rappeler qu’il n’avait pas forcément envie qu’on le voit « tout moche », sans maquillage, sous une lumière blafarde, et pour poser la question : « ou bien on considère que la radio n’est qu’un balbutiement de la boite à images, ou bien on considère que la radio est un média à part entière… ».

Comment enrichir l’information ?

Pourtant, sans la vidéo point de salut, analysent aujourd’hui les professionnels de l’information et de la communication. Au-delà de l’achat d’équipements et de l’installation de caméras, la question centrale est celle des contenus : comment enrichir l’information et l’adapter à de nouveaux usages de « consommation », dictés par le numérique et le mobile ?

OVNI sur cette planète en mutation, avec son magazine trimestriel France Culture papier, qui, utilisant le vocabulaire des séries TV, promeut aujourd’hui sa « saison 2 », France Culture est aussi celle qui tire le mieux son épingle du jeu du numérique, avec plus de 7 millions de téléchargements sur son site, chaque mois. L’antenne culturelle dirigée par Olivier Poivre d’Arvor l’a bien compris, en annonçant pour le printemps 2015 une refonte totale de son site internet et le lancement d’un web media… Qui s’articulera sans doute avec l’information radiophonique « à lire dans le magazine » (et qu’on peut d’ailleurs écouter sur smartphone en la flashcodant).

Bref, écouter, lire, regarder : finies les frontières entre les pratiques. Vous en doutez encore ? Rendez-vous sur Rue 89. Huit ans après avoir créé le 1er media français 100% web, Pierre Haski annonce une nouvelle étape : le passage au « mobile first », pour accompagner l’essor des smartphones. Depuis le 26 mars, le site d’infos donne désormais la priorité à la lecture sur mobile. Avec, entre autres nouveautés dans la liste des rubriques remplaçant les rubriques traditionnelles : la rubrique « dans mes oreilles » (du son, précise Rue 89 pour ceux qui en perdraient leur latin).

Après la radio filmée, la presse à écouter au téléphone ? Chéri, il est où mon ordi ? Avec le poste à galène et les magazines ?

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