Vous n’avez pas pu les rater… on ne parle plus que d’elles. Depuis le Brexit et l’élection de Trump, au cours desquels la propagation de fake news est accusée d’avoir joué un rôle majeur, elles sont le fléau médiatique contre lequel il est de bon ton de lutter. À raison.
Les initiatives pleuvent. On répertorie aujourd’hui pas moins de 114 initiatives dans 47 pays, parmi lesquels Decodex ou Crosscheck en France… Il faut dire que l’enjeu est important : redonner aux médias la crédibilité qu’ils perdent à mesure que les fake news apparaissent au grand jour et lutter contre la désinformation.
Au coeur de cet élan, Facebook et Google, qui s’allient aux médias du monde entier pour sauver le journalisme de cette menace bien réelle. C’est en tout cas ce qu’annonce Mark Zuckerberg dans son manifesto “Building global Community” du 16 février dernier. Il y reconnaît la responsabilité de Facebook dans la propagation des fake news et présente les mesures du réseau social pour corriger cette fâcheuse tendance : modification des algorithmes, possibilité pour la communauté de signaler une information douteuse…. C’est un premier pas, mais l’essentiel est-il bien là ? Une question centrale semble étrangement absente du débat : l’explosion des fake news n’est-elle pas juste le signe d’une dérive du modèle technologique et économique imposé aux médias par les Gafas eux-mêmes pour satisfaire leur insatiable appétit en matière de contenus ?
Google et Facebook se posent en fervents protecteurs des médias et assurent déployer de nombreux efforts pour accompagner la transformation numérique qui les aidera à sortie de l’agonie financière dans laquelle beaucoup d’entre eux ont plongé ces dernières années (on pense par exemple au digital news initiative fund lancé par Google).
Mais force est de constater qu’un nombre toujours plus important de médias – même parmi ceux réputés les plus sérieux – acculés par les contraintes économiques et le diktat de l’instantanéité et du volume imposés par les géants du web, renoncent de fait à la base élémentaire de leur métier, la vérification de la source.
L’actualité récente liée aux fakes news pointe encore une fois le doigt sur un modèle qui n’est pas soutenable pour les médias, et qui risque à terme de priver les citoyens d’un accès à une information de qualité, indépendante et objective, condition indispensable à la démocratie. Du fait de leur emprise actuelle sur la sphère médiatique, Facebook et consors héritent aujourd’hui d’une immense responsabilité dans la création d’un modèle vertueux pour le monde du journalisme. Lutter contre les fake news après la diffusion de celles-ci, c’est bien. Mais laisser aux médias la possibilité de faire leur travail en rétribuant plus justement les contenus qu’ils produisent serait sans doute la première chose à faire.
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