On lui a souvent reproché d’être l’omniprésident, mais depuis sa défaite aux élections présidentielles de 2012, Nicolas Sarkozy s’astreint à une diète médiatique des plus sévères. Des apparitions publiques réduites à leur minimum, aucune interview ni même de déclaration accordée aux journalistes, et des confidences triées sur le volet pour être livrées à ses amis politiques.
Mais quand le scandale éclate, il faut communiquer. En nom propre.
Alors l’ex-président a probablement longuement réfléchi à la manière de rendre publique sa déclaration, comme en témoigne son silence de 4 jours depuis sa mise en examen. A mesure que la polémique enflait démesurément, comment livrer le bon message ? Par le biais d’un journaliste « ami » ? Par un simple communiqué de presse ? Sur un plateau TV, à la radio ?
Non, sur Facebook.
Certes Nicolas Sarkozy peut compter sur plus de 800 000 fans, mais est-ce suffisant pour se faire entendre par le plus grand nombre ? Oui, il y a d’abord l’aspect viral inhérent au réseau social qui propage son statut (les likes, commentaires et partages se comptent en dizaines de milliers), mais il y a surtout la reprise de l’ensemble des médias traditionnels qui ont relayé le discours sur leurs supports.
La véritable question n’est pas celle de la propagation du message, ni même de son contenu, mais plutôt du choix du canal. Pourquoi Facebook ?
le post twitter de Nicolas Sarkozy
Contrairement à Barack Obama qui publie quotidiennement son actualité à ses 35 millions d’abonnés, les politiques français n’ont pas pleinement installé les médias sociaux dans leur panel d’outils de communication. Certainement par méfiance. Si la page de François Hollande est vide de contenu depuis sa victoire en mai 2012, celle de Nicolas Sarkozy est à peine moins lacunaire. Mais la stratégie a été réfléchie, et mieux, elle a été payante.
1 – Avec ses 26 millions d’utilisateurs actifs en France, Facebook est un média à part entière.
Sarkozy a-t-il voulu faire un pied de nez aux journalistes en les contournant ? Comme le confirme Arnaud Mercier, spécialiste de la communication politique, sur Europe1.fr, l’ex-président sait que la force de frappe d’un réseau social comme Facebook vaut celle d’un média de grande écoute.
2 – Sur Facebook, on s’adresse directement à ses « fans ».
Si les médias traditionnels reprennent un communiqué de manière factuelle et objective pour les livrer à leur auditeurs/spectateurs/lecteurs, sur Facebook on zappe l’intermédiaire. Nicolas Sarkozy s’adresse, en personne, à ceux qui sont « fans » de sa page et sont en toute logique des soutiens.
3 – Sur Facebook, on est dans l’affectif.
Les fans de la page Nicolas Sarkozy on pu voir sa déclaration dans leur fil d’actualité, entre la photo du petit dernier de la cousine et le statut de départ en vacances du collègue de travail. C’est comme si Nicolas Sarkozy était un de leurs proches. Et l’auteur de la déclaration l’a bien compris car l’affectif et l’intime sont mis en avant dans ces quelques lignes. On aime, on commente, on partage ; on s’adresse directement à lui pour lui témoigner son soutien… ou son animosité.
La communication de Nicolas Sarkozy sur cette polémique a donc été habilement menée. Il a rendu sa déclaration désirable et fait preuve de sagesse en patientant plusieurs jours avant de s’exprimer publiquement. Il a fait le choix de s’adresser à ses « fans » en coupant l’herbe sous le pied aux journalistes et personnages publics qui s’exprimaient depuis plusieurs jours sur le sujet. Enfin, il a fait preuve d’humanité en partageant ses états d’âme au grand public.
Ca, c’est sur la forme. Sur le fond, on vous laisse seul juge !
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